dimanche 15 août 2010

Histoire... d'eau

C'est en 1937 que le Conseil Municipal de Courcôme, présidé alors par Monsieur Elie, Maire envisage d'installer dans la commune un réseau de distribution d'eau à domicile. Au départ, ce projet prévoyait d'alimenter en eau potable le bourg et certains villages.
Mais à la suite de sécheresses importantes au cours des années précédentes, la municipalité décide de réaliser d'urgence les travaux relatifs à une distribution d'eau dans le bourg uniquement.
Voici ce que l'on peut lire à ce sujet dans le dossier constitué à cette époque et conservé à la mairie.

Le bourg de Courcôme compte 400 habitants. L'eau utilisée est l'eau de pluie recueillie dans des citernes ne possédant pas de filtre pour la plupart. Ces citernes, jamais nettoyées, sont installées dans les cours de ferme au voisinage des écuries, des tas de fumier et des fosses d'aisance.
L'été, ces citernes sont à sec et les habitants sont obligés d'aller chaque jour à la fontaine, chercher de l'eau dans des barriques, tant pour la maison que pour le bétail.

La commune, possédant actuellement 178 chevaux et mulets, 250 moutons,369 bovins et 200 porcs, il est facile de calculer le temps perdu pour cette corvée d'eau.
Cela représente environ 200 heures par jour qui pourraient être employées plus utilement pour l'agriculture.

Les écoles, qui comptent 70 élèves possèdent une citerne.
L'hiver, par suite du chauffage des classes au charbon, l'eau de pluie qui lave les toits avant de pénétrer dans la citerne, entraîne des poussières de charbon qui lui communiquent un goût insupportable.
Les instituteurs font sans cesse des réclamations à ce sujet.

L'été, la citerne est tarie et il faut recourir aux bons offices des voisins pour avoir un peu d'eau pour les écoliers.

De nombreuses épidémies (embarras gastriques, diarrhées, jaunisses) reviennent chaque année aux mêmes époques.

Nous avons constaté parmi la population scolaire la fréquence de ces maladies dont la cause seule peut être imputée à la mauvaise qualité de l'eau d'alimentation.

Le bourg de Courcôme qui possède depuis plusieurs années le courant électrique, est,
par sa situation et son pittoresque, un coin fort plaisant de la Charente. Traversé par la ligne de chemin de fer Paris - Bordeaux, il prendrait de l'extension et les constructions nouvelles pourraient s'y multiplier car beaucoup de touristes, en traversant notre localité, s'informent de la possibilité d'acquérir des immeubles ou des terrains à bâtir.
Mais l'absence d'eau potable les éloigne de notre région.

Le service d'incendie est impossible à assurer, par manque d'eau, l'été, et par la rapidité, avec laquelle les citernes seraient vidées par une pompe à incendie, l'hiver.

En temps de guerre, nous aurions la possibilité d'accueillir un bon nombre de réfugiés en raison des ressources du pays et de sa situation géographique. Mais cette éventualité n'est pas à envisager du moment que le pays est dépourvu d'eau.
Pour la même raison, nous ne pouvons accueillir des colonies de vacances, même à effectif réduit.

Les travaux envisagés comprennent notamment :
- le captage de la source
- l'installation d'une station de pompage
- l'installation d'un réseau de distribution (canalisations, branchements particuliers et bouches d'incendie)
- la construction d'un réservoir surélevé de 100 m3.

Ces ouvrages doivent permettre de distribuer au minimum 125 litres d'eau potable par habitant et par jour (alors qu'auparavant, on pouvait estimer la consommation moyenne
par personne et par jour à 2 ou 3 seaux, soit 25 à 30 litres).


Dès 1940, les travaux commencent. Le château d'eau, construit non loin de la mairie sur l'un des points les plus élevés de la commune (116,50m) dresse bientôt sa silhouette au-dessus des toits du village.

1942 : Les Courcômois peuvent tourner le robinet au-dessus de leur évier : l'eau coule ! Ils sont parmi les premiers habitants du canton à bénéficier de ce service à domicile.

Extrait du bulletin municipal Regards n° 2 décembre 1983