lundi 2 août 2010

La culture du maïs

Le maïs de Ruffec fut remplacé par des semences hybrides ce qui permet les cultures que tu vois maintenant.
Mais avant l’arrivée de cette plante nouvelle, on possédait seulement quelques arpents de terre. On le semait grain par grain à la main. Et pour économiser le terrain, ne pas perdre de place on semait les haricots lingots qui grimpaient ensuite à leur gré sur la tige. D’ailleurs pour les ramasser ce n’était pas toujours facile.
On cassait les épis à la main et on les jetait dans le tombereau tiré par le cheval qui avançait au fur et à mesure que les cueilleurs progressaient.
A la veillée c’était l’ « épigouillage » dans la grange. Avec les voisins on se trouvait en face d’un gros tas d’épis, de quoi décourager les plus ardents. Mais l’ambiance était des plus joyeuses, des chansons, des histoires et des éclats de rire ne laissaient point de place au silence. Les hommes buvaient un coup en tirant le vin au petit barricot.

Un soir, un adepte de la boisson pensant que c’était bien long d’attendre posa une devinette. Dites-donc, savez-vous comment s’appelle le petit chien du curé de la Faye ?
Stupéfaction générale, bouche cousue, alors notre gaillard proclama fièrement : il s’appelle « Si nous buvions un coup ». On fut longtemps à se répéter la phrase de ce malicieux qui avait donc bien soif sans vouloir l’avouer.

- Alice ma chérie on s’égare et notre tas de maïs qu’en est-il ?

Petit à petit, les épis dépouillés de leur paille s’amoncelaient en un beau tas doré. On avait pris soin de laisser quelques feuilles pour faire des troches. Les troches, sorte de tresse simple ou double seront exposées au soleil sur les murs des bâtiments, même de la maison.
- Ma chérie, tu verras dans les murs certains goujons de bois restent plantés dans les pierres.
Faire une troche tenait de l’habilité et de la façon de la serrer. Les mains inexpertes qui s’aventuraient à l’exercice voyaient l’objet de leur prouesse se dissocier et tomber à leurs pieds.
- Elles vont rester suspendues longtemps ?
- Jusqu’à ce quelles soient sèches et alors leur belle aventure va se terminer au coin du feu.
Assis sur une chaise et sur une grande queue de poêle qui passait entre leurs jambes, les hommes frottaient de leurs mains calleuses l’épi sur la ferraille. Le grain détaché du « minoton », la rafle tombait dans un récipient placé en dessous.
Rien de perdu, les « minotons » alimentaient le feu. Une flamme aux volutes d’un joli bleu apportait de la gaieté.

Mais ces braves paysans avaient-ils pensé à l’égrène-garouille mécanique à grand volant, qui pointait son nez ?
- Alice c’était une machine à « crève sot » !
- Pourquoi ?
- Parce qu’il fallait de bons bras pour actionner l’engin au moment où l’épi arrivait. Il freinait la mécanique et le bonhomme !!!