mercredi 25 août 2010

Le mariage d’un siècle à l’autre

Avant les actes officiels du mariage, on se fréquentait. Les garçons et les filles se connaissaient depuis l’école, continuaient à vivre ensemble dans le village. Ils se rassemblaient pendant les veillées, les fêtes après les moissons, les vendanges. Les jeunes gens allaient au champ aux bergères. En effet, c’était le travail des filles de garder les troupeaux. On bavardait, puis on se faisait des promesses, des projets loin du regard des parents. Ces derniers avaient parfois imaginé des rencontres qui auraient pu agrandir leur benasse ou placer leur progéniture dans un « bon nid ».

La réalité ne correspondant pas toujours à ces rêves, pour éviter les foudres paternelles il fallait de la diplomatie, de la patience et du temps. Petit à petit, chemin faisant on arrivait aux déclarations devant la famille. Facilement ou péniblement l’approbation annonçait les accordailles. On se faisait à l’idée d’un mariage prochain.

Ces démarches toutes en simplicité connurent, dans les années suivantes une mise en scène un peu fantaisiste. On avait évolué. Vêtu cérémonieusement, portant chapeau et gants, le gentleman d’un jour père du futur marié venait demander la main de la future mariée à son père. C’était peut être une manière de montrer de la correction, de la politesse ou de faire penser à une certaine aisance dans la vie.

La main de la demoiselle accordée on rentrait dans les préparations du mariage. Ces démonstrations un peu obsolètes n’existent plus que dans la haute société.

Gai, gai, mari-ons nous
Mettons nous donc en ménage
Gai, gai, mari-ons nous
Mettons nous la corde au cou !

Voici arrivé, le jour de tous les bonheurs !!! Il avait fallu fixer un jour en respectant certains dictons ;

• On ne doit pas se marier en mai

• On ne doit pas se marier en dehors du village de l’épousée, etc …

La seule chose que l’on ne pouvait prévoir : le temps. Pour détourner la malédiction, ne disait-on pas « mariage pluvieux, mariage heureux » attendons la suite pour vérifier la valeur de ce dicton !!!

Le cortège se formait dans la cour de la ferme de la mariée et partait à travers le village jusqu’à la Mairie. M. le Maire, les accueillait et après les questions d’usage, la signature des mariés et des témoins, la remise du livret de famille, un mot gentil du magistrat on se rendait à l’Eglise.

01 février 1930 au Petit-Village
Nos arrières grand-mères ne devaient pas connaître les belles toilettes blanches d’aujourd’hui. Les robes et toilettes étaient différentes, il y a presque cent ans. Elles ont changé au fil des ans et de la mode. Eulalie une jeune fille du village s’est mariée jeune, étant orpheline de mère, elle fut habillée de noir. Un béguin noir rendait triste son visage tout jeunot.

Précédé du musicien, le cortège pénétrait dans le sanctuaire. La cérémonie dans les prières et l’échange des consentements a perduré jusqu’à nos jours. A l’issue de cette célébration, la mariée offrait son bouquet à la Vierge. D’autres étaient conservés sous une cloche de verre et trônaient sur un buffet de la salle commune.

Parfois à Courcôme après leur cérémonie de mariage, les jeunes épouses venaient en présent déposer sur la tête de la Vierge leur propre couronne de mariée.


Sur le chemin de l’aller, on pouvait remarquer installé sur une chaise, une poignée de fleurs. Les gens du cortège savaient très bien que l’on faisait appel à la générosité. On entendait des applaudissements et des « Vive les mariés", pleins de joie.

Les cloches carillonnaient l’entrée et la sortie de l’église et le cortège revenait au point de départ pour se mettre à table.
Un grand mariage
Dans la grange on avait tendu des draps sur les murs et fait du rangement pour installer les longues tables sur tréteaux. Des bancs complétaient ce rustique ensemble.

Tout d’abord, c’étaient les voisines qui assuraient la cuisine du repas. Les produits de la ferme étaient mis à l’honneur. Poulets rôtis, lapins en civet après avoir mangé la soupe et fait godaille. Les galettes et les fruits de l’année composaient le dessert.

On chantait, on buvait à la santé des mariés. Le vin récolté sur la propriété arrosait copieusement le repas.

Petit à petit, les repas furent assurés par des cuisiniers ou cuisinières et on s’éloigna de la rusticité de l’événement. Les menus apparurent sur les tables, plus ou moins décorés et les mets devinrent plus recherchés.

Mais nos mariés de l’ancien temps unis pour le meilleur et pour le pire vivaient encore quelques temps chez leurs parents. Puis bon gré, mal gré ils étaient obligés de partir chercher du travail dans les fermes voisines comme domestiques. La vie était dure pour les commis de ferme, le travail ne se partageait pas.

- Mais, Mamie, c’est mieux aujourd’hui !!! les machines soulagent les hommes, les lois sociales les protègent.

- Oui certes, mais le travail il faut le trouver !!!