vendredi 13 août 2010

Les bohémiens

- Alice, je vais te parler d’une catégorie de gens que l’on ne voit plus.
- Ils ont vraiment disparus ?
- Non, à présent, on parle de gens du voyage.
- Mamie, j’ai vu tout un campement l’autre jour en faisant un petit tout derrière la salle des fêtes.
- Je croyais que tu allais chercher le pain.
- Oui, mais je suis curieuse, tu sais bien !
- Ce sont les gens du voyage, belles voitures, belles caravanes que chaque commune est obligée d’héberger bon gré, mal gré au moins 24 heures. Pour l’expulsion, en fonction du nombre d’habitants, il existe tout un processus administratif.
Ne nous éloignons pas du sujet. Ces bohémiens modernes sont protégés, indemnisés et ils connaissent très bien leurs droits.
Ils ont donc remplacés les vrais romanichels et bohémiens à la vie caractéristique. A Courcôme, ils affectionnaient particulièrement l’ancienne sablière (aire de repos actuellement) sur la route de La Faye et au pont de Thorigner.



Une grande famille logeait dans une roulotte, tirée par un cheval ou deux. Le creux d’un bois, un chemin, un champ tout leur était permis. Ils dételaient les animaux et les faisaient paître librement dans un pré ou une luzerne. Le feu de bois crépitait et là cuisaient les hérissons qu’ils sortaient de leur cachette aidés par des petits chiens. Ils se faufilaient dans les endroits inaccessibles pour les déloger.
Une poule ou un coq, attaché à la roue du véhicule montrait qu’ils en faisaient l’élevage alors qu’ils se ravitaillaient dans les poulaillers voisins.
Ils demandaient de l’eau et puisaient aux citernes des gens pour eux et leurs bêtes.
D’aventure, ce n’était qu’une petite misère et on ne se rendait pas toujours compte de la disparition. Ils étaient vraiment misérables. Sales, les visages durcis par les intempéries, cheveux longs, ils faisaient une peur bleue aux enfants du village.
Les femmes quémandaient dans les fermes quelques victuailles, avec un petit gamin sur les bras et un autre qui se cramponnait au cotillon.
Les plus vieux se promenaient pieds nus sur les cailloux et dans les herbes. Leur figure brunie par la crasse ne les incommodait point, ni les haillons qu’ils portaient. Certains s’essayaient à la vannerie ou au rempaillage des chaises.
On les craignait et on refusait leurs services.
Séjour de quelques jours, et, tout le monde dans la roulotte pour un nouveau départ et toujours la même vie.