lundi 30 août 2010

Les hommes et la mode

La créativité ne s’exprima pas d’une façon aussi spectaculaire que pour les dames.

De grosses chemises de toile, ils passèrent aux chemises à manches longues avec un poignet pour les resserrer. Les pantalons d’abord sans braguette arrivèrent jusqu’à nous en élargissant ou rétrécissant des jambières.

Pour les sorties, faux cols et jabots plissés ornaient les chemises, une veste au décolleté en V les offrait au regard. C’était aussi la mode après la grande guerre de porter dans la poche d’un petit gilet une montre à gousset fixée par une chaînette.


Petit à petit les souliers à tige lacée remplaçaient les soques. Les sabots de bois étaient chez nos anciens garnis de paille ou de feuilles. Les chaussettes tricotées succédèrent avantageusement à cette garniture de fortune. Chez nos grands parents, les sabots gardèrent au-delà de 1930 leurs prérogatives.

Pour travailler aux champs, on enfilait les vêtements les plus usés et on rapiéçait ou « petassait » jusqu’à la corde. Dans les pieds déjà calleux par le port des sabots, on arriva à mettre des bottes.

- Rien d’extraordinaire, Mamie, ça existe encore.

- Oui, mais nos braves paysans, faisaient des « chaussettes russes » pour économiser les autres chaussettes. Les hommes entortillaient de vieux chiffons autour des pieds et les agençaient pour être à l’aise en marchant. Pour se protéger du froid, ils étaient isolés de la semelle par ce moyen insolite. Russe parce que les soldats de la campagne de Crimée avaient peut-être rapporté ce qui était là-bas une invention tellement appréciable dans le froid, le gel et la glace. C’était la loi du sauve qui peut.

Le progrès apporta l’usage des engrais en sac de jute et on les utilisait pour tout et n’importe quoi. Dans notre village de Courcôme, on peut encore avoir en mémoire le père Anatole Segeard qui partait aux champs en clopinant. Sur la tête et les épaules, il portait un sac de « guano » transformé en le pliant, en un capuchon et une pèlerine. Costume d’hiver, bien sûr.

Bonnets de coton primitifs laissèrent place aux chapeaux de toile faits à la maison. L’hiver, c’était le passe-montagne qui protégeait toute la tête. Les femmes s’activaient à tricoter l’été pour l’hiver. Puis défilèrent les casquettes, les bérets qui sont un peu délaissés. Un seul homme de notre commune le porte fièrement. Il lui va si bien qu’on ne le verrait pas coiffé autrement. Quelquefois la préséance l’oblige à l’enlever, mais pour très peu de temps.

Jean-Pierre MOLLE
Pour les cérémonies gibus et chapeaux melons couvraient la tête de nos messieurs. Les chapeaux de feutre se portaient plus facilement.

Avant les costumes taillés sur mesure chez le tailleur, une large blouse noire descendait sur les pantalons et autour du cou, souvent un grand mouchoir à carreau remplaçait la cravate. C’était l’habit pour tout aller.


                                                                                      

Les cheveux façonnés à la coupe au bol ne sortaient pas de l’ordinaire. Au fil du temps, les jeunes adoptèrent des façons plus coquettes.

La moustache transformait plus ou moins le visage. Dans les années 25-30, on la portait et on la façonnait, large, fine, frisée aux extrémités, et nombre de jeunes gens attendaient avec impatience que ces fameux poils poussent et grandissent. Cet objet de convoitise causait bien des rigolades entre copains. Mais le temps passant tout le monde était à la même enseigne.
Emile CAILLER
- Une fois de plus Alice, « rien ne sert de courir, tout arrive à point »

- Même pour la moustache, mamie !!!